Chaînes
hôtelières volontaires 2012
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Une
étude indépendante & professionnelle réalisée par Coach Omnium
Chaînes hôtelières volontaires : un début de
tension avec les hôteliers
Les chaînes hôtelières
volontaires continuent à se développer faiblement, mais parviennent,
grosso-modo à garder le cap. Pour autant, elles ont à prendre en compte une
certaine montée d'insatisfaction de leurs membres, qui expriment de plus en
plus une demande de retour sur investissement par rapport à leur cotisation.
Les années à venir vont certainement être consacrées à renforcer les réseaux
et à fidéliser les affiliés, tout en cherchant des fonds pour payer les
nécessaires campagnes de promotion.
L'univers des
chaînes hôtelières volontaires est resté calfeutré avec en apparence un
certain confort, selon cette 20e édition du Panorama sur les
chaînes hôtelières par Coach Omnium. Avec 5.565 hôtels réunis sous 24
enseignes présentes en France, l'ensemble du parc des "volontaires"
a perdu 80 adresses en 2011, soit – 1,4 %. Ce n'est rien à côté de la perte
de 293 adhérents en 2010. Ce constat neutre cache cependant des mouvements de
fond. Il y a eu 576 départs contre 496 arrivées dans l'année 2011. Comme
depuis une dizaine d'années, cela
équivaut à environ 10 % de turnover annuel. Donc, tout est encore
calme. Mais pas forcément tant que ça. Plusieurs chaînes perdent beaucoup
d'adhérents, tel Logis avec un solde de 137 départs, mais qui ne représentent
que 5 % de son offre. Il s'agit souvent des conséquences de la politique de
resserrement des boulons qu'opère Logis pour améliorer la qualité de son
réseau. Mais, on doit déplorer également desfermetures d'hôtels ou encore des exploitants en difficulté ne pouvaient ou ne souhaitant
plus payer leur cotisation. Logis continue pour autant à croître car avec 374
départs, la chaîne aux cheminées a fait entrer 237 nouveaux établissements.
"L'hôtellerie familiale" continue, elle, à voir ses troupes quitter
le navire significativement. L'hémorragie est sérieuse avec 56 départs en 2011
; il y en avait déjà 135 en 2010.
Difficultés
à recruter
Comme pour les chaînes hôtelières intégrées (voir notre dossier), les volontaires ont globalement du mal à recruter de nouveaux hôtels, ne serait-ce que pour compenser le vide laissé par les partants. Leurs développeurs sont au taquet. Si certaines enseignes reçoivent de nombreuses candidatures spontanées d'hôteliers souhaitant trouver une chaîne à laquelle s'affilier, cela se solde généralement par beaucoup de déchet. Ainsi, un réseau important réceptionne jusqu'à 300 demandes par an pour au final ne signer qu'avec 10 à 15 maisons. Les propriétaires d'hôtels indépendants mettent désormais facilement les chaînes volontaires en concurrence, comme n'importe quel fournisseur, et font leur marché à l'aise, quand ils ne font pas marche arrière une fois que les renseignements ont été pris. Les chaînes, de leur côté, deviennent de plus en plus exigeantes par leurs normes et conditions d'affiliation, voire par leurs prix ; la sélection se fait également par ce biais. On constate également un recul de la multi-adhésion, quand un hôtel est affilié à 2 ou 3 chaînes volontaires différentes. Quand celle-ci était autour de 20 % depuis une quinzaine d'années, elle se situe plutôt dans les 10 à 12 % à présent. Cette situation provient à la fois des hausses de cotisations qui s'observent depuis quelques temps, où il devient coûteux de s'affilier à plusieurs réseaux, et de la culpabilisation que les enseignes communiquent aux "multi-affiliés", quand elles n'interdisent tout simplement pas ce choix.
Plus largement, on rencontre de plus en plus d'hôteliers qui grondent
dans les rangs de certaines chaînes qui ont pignon sur rue. Ces
dernières ne sont quasiment plus des clubs d'hôteliers, comme elles l'étaient
souvent à leurs débuts, mais sont vues comme des réseaux commerciaux comme
d'autres. Les hôteliers les perçoivent comme des fournisseurs et ont une
véritable conscience consumériste ; ils en attendent un bénéfice concret et
pas seulement un apport d'image ou une valorisation, difficiles à mesurer.
Les adhérents attendent clairement un retour sur l'investissement de leurs
cotisations, en clients et en chiffre d'affaires additionnels. D'autant que
les niveaux moyens de redevances de toutes sortes ont fortement augmenté, en
même temps que la crise économique sévit. Les chaînes volontaires sont donc
prises entre le marteau et l'enclume. D'un côté, elles doivent être
attractives pour leurs affiliés, et savoir les garder et les faire jouer le
jeu du réseau. De l'autre côté, elles doivent trouver des fonds pour exister
en termes de notoriété — qui est généralement faible, comparée aux chaînes
intégrées — et être capables d'envoyer tout simplement des clients à leurs
adhérents.
Comme le recrutement de nouveaux membres est
difficile, l'augmentation des ressources est plus qu'aléatoire. Il ne
faut cependant pas brosser un tableau trop sombre de la situation, car si
effectivement de nombreux hôteliers se montrent insatisfaits de leur réseau,
ils ne le quittent pas. Car d'une part, ils ne seraient pas sûrs de trouver
mieux ailleurs, d'autre part, les plus sérieuses chaînes volontaires
s'essaient dans un travail de plus en plus professionnel. Il y a pour autant
également le problème des OTA et autres centrales de réservations sur
Internet dont le comportement, jugé abusif, agace au plus haut point les
hôteliers indépendants. Ces derniers, affiliés à une chaîne volontaire, ne
comprennent pas l'inaction de leur réseau face à ces "nuisibles" et
le soupçonnent même d'entretenir des relations coupables avec les opérateurs
en ligne. A voir.
Des
cotisations très variables
En parlant de cotisations, les hausses ont non seulement été parfois importantes depuis ces trois dernières années — de 10 à 25 % selon les chaînes —, mais les coûts varient également considérablement d'un réseau à l'autre, on s'en doute. Tout dépend des moyens de promotion mis en place, des ambitions de la chaîne et de son nombre d'adhérents. Il y a désormais de plus en plus de "cas par cas". Les cotisations et droits d'entrée sont souvent négociables en fonction de l'emplacement de l'hôtel, du type d'hôtel et de sa capacité, de l'intérêt que la chaîne peut avoir à le recruter, des difficultés de développement, voire de… l'âge du capitaine ! Un adhérent pourra payer de 2.000 € par an jusqu'à 40.000 €, selon le réseau dans lequel il entrera, sans compter des redevances diverses qui peuvent s'y ajouter en cours d'année : sur les réservations, sur les actions commerciales, sur les visites-mystère, sur la publicité ou le marketing, sur le programme de fidélité, etc.
A titre d'exemple, mais qui
n'est pas forcément représentatif, un hôtel de 30 chambres qui rejoindrait 3
chaînes volontaires différentes paierait des cotisations …différentes. Ainsi,
chez Logis, cela lui reviendrait à environ 5.200 € HT en 1ère année (dont les
droits d'entrée), chez Contact Hotel se serait environ 3.000 € HT et chez
Citotel environ 5.300 € HT. Rien d'anormal dans cet exemple, qui ne sert qu'à
comparer des choses pas toujours comparables. Car l'hôtelier ne récoltera pas
forcément le même résultat commercial et le même bénéfice pour un niveau de
cotisation identique.
Comme pour l'ensemble de
l'hôtellerie indépendante, les adhérents aux chaînes hôtelières volontaires
vivent des difficultés d'avenir. Beaucoup rencontrent des obstacles pour se
moderniser ou tout simplement pour exister. Une étude de Coach Omnium
réalisée en 2011 révélait que si 1
hôtelier indépendant sur 2 était en déficit ou en juste équilibre dans ses
comptes, ils sont moins nombreux à être dans ce cas chez les affiliés
à des réseaux volontaires : 1 sur 3 seulement, ce qui reste cependant de
trop. A la base, le seuil de rentabilité des hôtels a sensiblement augmenté
depuis ces dernières années. Avec en moyenne 28 chambres chez les
volontaires, mais seulement 19 chez Logis par exemple, on est encore un peu
éloigné des 30 à 35 chambres (selon la gamme et l'emplacement) qu'il faudrait
pouvoir proposer pour trouver une rentabilité suffisante afin de réinvestir
et même de se payer. Comparé aux 82 chambres en moyenne par hôtel dans les
chaînes hôtelières intégrées en France, le compte n'y est pas.
La plupart des chaînes
volontaires présentes en France sont surtout… en France. Celles qui sont
implantées hors de nos frontières sont essentiellement des réseaux d'origine
étrangère. On compte ainsi 3.687 hôtels hors de France chez Best Western, ce
qui en fait un réseau hôtelier mondial majeur, ou encore 2.322 chez Hotusa.
En tout, avec 5.565 maisons dans l'Hexagone, les chaînes hôtelières
volontaires présentes en France comptent 8.138 hôtels dans le reste du monde.
La plus internationale des enseignes françaises est bien Relais &
Châteaux qui a 3/4 de son offre ailleurs qu'en France (324 hôtels à
l'international). Mais, Châteaux & Hôtels Collection compte bien s'élargir
à l'international où il déclare déjà 49 adresses, tandis que Logis en avance
137, Relais du Silence en dénombre 72 et Hôtels & Préférence en compte
pour l'instant 23. La tendance dans les chaînes volontaires est à
l'élargissement vers le haut de gamme. Pour le moment, il ne correspond qu'à
13 % des hôtels, contre 35 % dans le milieu de gamme et 52 % dans la gamme
économique. Mais avec le nouveau classement hôtelier, cette répartition est
en train d'être bousculée puisque de nombreux hôtels comptent ou ont déjà
demandé un surclassement d'une étoile supplémentaire par rapport à leur
ancienne homologation.
Des
fusions-absorptions marquantes
A l'instar des chaînes intégrées, les "volontaires" ont eu leur lot de mouvements et de changements de mains durant ces derniers temps. On a pu assister au regroupement d'Inter-Hôtel, de Qualys Hotel, de P'tit Déj-Hotel et de Relais du Silence, qui forment désormais la SEH. Cette entité qui fédère 545 hôtels dont 72 hors de France, permet de mutualiser de nombreux outils avec pour ambition de se doter de moyens promotionnels accrus. Le groupe Ducasse, avec Châteaux & Hôtels Collection (CHC), a repris quant à lui Exclusive Hotels. Avec près de 150 adresses, ce réseau composé surtout d'établissements de moyen et de haut de gamme, ne cessait de perdre des affiliés depuis ces dernières années (- 32 rien qu'en 2010). Mais il avait dans le panier de la mariée une centrale de réservations très performante. La marque est en train de disparaître pour entrer dans le champ de CHC, qui réfléchit à renommer l'ensemble de son parc.
Au-delà des fusions et des
mouvements, les chaînes hôtelières volontaires ont une actualité riche. Chez
Best Western, le site Internet a été transformé, permettant aux clients de
voir la note et les commentaires de Trip Advisor, ainsi que davantage
d’informations pratiques, notamment sur les programmes de fidélité. La chaîne
déploie également son nouvel outil ReservIT, planning qui réunit sur un seul
canal tous les sites de réservations pour les rendre plus faciles et
rentables. But : 140 hôtels connectés en 2012. Enfin, La marque lance une
communication télévisuelle pour mieux se faire connaître du public français.
Les points valorisés sont le niveau de qualité, leur classement obligatoire
pour tous les hôtels et le parti-pris écologique.
Du côté de CHC encore, la
chaîne annonce la sortie d'un guide, tiré à 600.000 exemplaires, pour
recenser les quelque 800 établissements adhérents, dont 60 spas et 50 golfs.
Il met également en ligne un site unique pour le groupe et un seul système de
réservation pour la fin 2012. Sans oublier un développement d'applications
pour smartphones. Autre support de promotion : la publication tri-annuelle
d’un magazine baptisé "CHC Le Mag". La chaîne Hôtels & Préférence,
qui regroupe près de 150 établissements indépendants en France et à
l'international, lance son nouveau guide 2011-2012, qui est l’occasion de
rappeler son positionnement haut de gamme avec plus de 70 % des hôtels
classés 4* et 5*. Cette année, trois sites Internet distincts ont été crées
(loisirs / séminaires / coffrets cadeaux). La chaîne est également présente
sur un blog et sur Facebook, Twitter et Youtube. La stratégie s’oriente vers
plus de luxe et plus d’international, notamment l’Europe centrale et
orientale (10 établissements dont 4 en Pologne). Le réseau, très axé sur le
tourisme d’affaires, cherche à s’imposer sur le créneau MICE en proposant 4
catégories d’offres séminaires.
Chez Logis, il y a aussi les
Logis d’Exception avec un nouveau guide dédié aux 18 adresses haut de gamme,
dont certaines proposent des tables gastronomiques. Après quinze ans
d’existence, "Les Auberges de pays d’Auvergne", la marque créée par
la CCI de la région Auvergne, a été reprise par les Logis. Lors de l’AG 2011,
l’ambitieux programme "Logis Cap 2014" a été dévoilé. Celui-ci
s’articule autour de 2 objectifs majeurs : accroître la compétitivité et
intensifier le développement du réseau, tant en France qu’à l’international.
Après la campagne d’affichage de 2011, signée Ben, une nouvelle campagne aux
visages de femmes enthousiastes a été déployée pour célébrer le renouveau de
la marque avec pour but la conquête d’une clientèle plus jeune. Une campagne
de communication à la télévision a été lancée en mars 2012 sur 3 ans. Les
efforts se concentrent sur la fidélisation, à l’aide d’un programme modernisé
— peut-être une carte — prévu en 2013 à l’échelle européenne.
Toutes ces actions plus
musclées les unes que les autres, qui ne sont que des exemples de se qui se
trame dans les "volontaires", ne font pas évaporer les doutes qui
planent dans l'esprit des hôteliers indépendants adhérant à ces réseaux. Ils veulent davantage de résultats
commerciaux pour justifier leur cotisation ou simplement leur effort
d'affiliation. Et comme ils ont de plus de difficultés à
développer eux-mêmes une bonne commercialisation pour leur hôtel, ils
attendent parfois des miracles de la part de "leur" chaîne. La
situation est d'autant plus tendue que la crise économique est toujours là et
qu'elle affecte le plus grand nombre d'hôteliers, rendant les relations de
plus en plus tendues avec leurs partenaires. Du coup, les chaînes volontaires
doivent faire preuve de diplomatie, de souplesse et de grandes capacités de
persuasion pour réussir à recruter et surtout à garder leurs troupes. Et que
leurs hôteliers jouent le jeu de la qualité et du réseau. Ce n'est pas une
mince affaire, mais ce constat était tout ce qu'il y a de plus
prévisible.
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RÉCEPTIONNISTE EN HÔTELLERIE